Senseï Donovan Philip Waite est décédé le 22 février 2021.
Les funérailles ont eu lieu le samedi 14 mars 2021 à Philadelphie, USA.
Notre cher Donovan, ami et professeur, qui se sentait au Ren Shin Kan comme chez lui, a été retrouvé sans vie dans son appartement de Philadelphie.
Je souhaiterais, par ces quelques lignes lui rendre un petit hommage.
Donovan était une de ces comètes qui éclairent le ciel d’une lumière unique et incomparable mais qui disparaissent malheureusement beaucoup trop tôt pour qu’on puisse en percer tous les mystères. Il était ce pratiquant d’aïkido surdoué, un vrai, pas de celles ou ceux qui ont quelques facilités, mais bien de celles et ceux qui marquent une époque. C’était un professeur bienveillant, patient et généreux. Il avait créé un style unique à la fois d’enseignement et de pratique. Il était inclassable si ce n’est dans la catégorie qu’il avait lui-même forgée. Donovan faisait du Donovan et son prénom seul suffisait à créer une image, celle d’une ouverture exceptionnelle et d’une puissance formidable. Un aïkido qui séduisait toutes celles et tous ceux qui étaient amenés à le rencontrer. Dans son art, on pouvait retrouver l’influence des grands maîtres qui l’avaient marqué (Yamada Senseï, Chiba Senseï, Sugano Senseï) mais aussi celles de maîtres qui lui étaient plus contemporains (Osawa Senseï, Miyamoto Senseï,…) sans oublier, évidemment, l’influence des deuxième et troisième Doshu. Mais il avait cette capacité de synthèse et de transformation qui créait quelque chose de nouveau et de frais. D’une grande humilité et d’une profonde gentillesse, il évoquait chaleureusement ses alter ego (comme Claude Berthiaume Senseï) et demandait des nouvelles de grands maîtres qu’il admirait et qu’il aurait aimé rencontrer plus personnellement (comme Christian Tissier Senseï). Donovan Waite Senseï était de l’étoffe des tout grands, je sais que je ne suis pas le seul à le penser. Il avait encore beaucoup de choses à dire et à explorer.
Donovan, cher Senseï, je t’avais rencontré pour la première fois il y a 22 ans à New York. Une réputation te précédait. Je n’avais jamais vu ton visage auparavant mais lorsque je t’ai vu évoluer sur le tatami à un cours de Yamada Senseï, j’ai tout de suite su. J’ai demandé à mon partenaire: « Is this guy Donovan ? » car je voyais, en mouvement, ce qu’on m’avait conté comme une légende urbaine. J’eus pour réponse : « yes, he’s terrific, isn’t he ? ». Formidable, tu l’étais certainement mais tu étais aussi cet ami plein d’humour, d’auto-dérision, amateur de cinéma et de bonnes bières que tu faisais importer à Philadelphie après les avoir goûtées à Bruxelles ; on a ri aux larmes, on s’est retrouvé la gorge serrée par l’évocation de souvenirs ; tu aimais la bonne table, tu aimais la vie et tu concentrais le ki – s’il existe – comme une bombe atomique. Tu as dû partir précipitamment, sans avoir eu le temps de dire au revoir. On t’a réclamé ailleurs, j’espère que tu t’y sens bien.